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Les Maladresses Sexuelles à Éviter

En complément de cet article, vous pouvez écouter le replay de l'émission RTL consacrée à ce sujet avec Cécilia Commo en invitée - REPLAY RTL

Dans beaucoup de films, les scènes érotico-sexuelles se passent divinement bien : excitation, désir, plaisir, envie, ardeur, fougue, volupté ou symbiose sont au rendez-vous. Dans la réalité quotidienne des couples, ce n’est pas toujours le cas.


Les maladresses sexuelles à éviter



Ce décalage s’explique (entre autres choses) par le fait que dans la sexualité fantasmée (et filmée), on se débarrasse des perturbateurs et autres maladresses sexuelles qui ternissent l’envolée enivrante de la rencontre sexuelle de deux individus. Exit les odeurs incommodantes, les gestes maladroits, les caresses irritantes, les mouvements agaçants ou les paroles contrariantes. Ces maladresses peuvent à elles seules ruiner votre moment sexuel, sans même que vous vous en rendiez compte. Au creux des confidences déposées dans mon cabinet, reviennent des maladresses qui pourraient, si elles étaient partagées, être évitées. En voici quelques-unes :


Les scrutateurs inquiets

Beaucoup d’hommes sont très attentifs au plaisir de leur partenaire. Parfois trop. En se tournant exclusivement vers le ressenti de l’autre, ils perdent la connexion d’un rapport à deux (élément essentiel différenciant la sexualité mono - la masturbation - de la sexualité duo - relation sexuelle - ou multi-partenaires).

Mais cet « altruisme » sexuel soutient aussi une fonction parallèle : la réassurance de leur masculinité (ce qui explique d’autant mieux la déconnexion avec leur partenaire : si cela dit quelque chose de moi, je ne vais pas réussir à me décentrer).

Ceci a cela d’ennuyeux que ça ne passe pas inaperçu !

Beaucoup de femmes sentent confusément que leur partenaire est « enfermé » en lui-même tout en donnant l’impression d’être très concerné par le plaisir que l’autre ressent. Elles se savent observées, remarquent que leur partenaire les scrute à l’affût du moindre signe confirmant qu’il est un bon ou un mauvais amant. Ce ne sont pas des femmes gênées par le fait que leur partenaire les regarde, ce sont des femmes gênées par l’impression que celui-ci attend quelque chose, un quelque chose qui signera sa capacité à donner du plaisir. Ce qui pouvait être très agréable (partager du regard un plaisir mutuel) devient très désagréable (sentir que l’autre n’attend que la manifestation du plaisir). C’est aussi le plus sûr chemin pour déclencher une simulation de plaisir afin de ne pas décevoir ce scrutateur inquiet sur ses capacités à donner du plaisir. Une de mes patientes a très justement décrit ce qu'elle ressentait : "Il me vole ma jouissance, il s'approprie mon plaisir. Je simule pour que cela cesse, pour stopper cette pression à devoir ressentir du plaisir." Utiliser ses yeux comme seuls indicateurs, nous coupe de tous nos autres sens. C’est grâce à ces autres sens (auditifs, proprioperceptifs, tactiles, etc) que nous sommes capables de nous décentrer et de nous harmoniser avec ce qui nous entoure, dans ce cas précis, notre partenaire.


Les monosensoriels

Il y a longtemps, les hommes rêvassaient sur une cheville ou un genou dévoilé. Cette imagination érotique était essentiellement symbolique : « Qu’y a-t-il plus haut ? », « Quelle promesse cette peau révélée nous fait-elle ? »

Hors champs de la poésie érotique, les stimuli sexuels masculins sont plutôt bien identifiés : bouche, seins, sexe et fesses (les sites pornographiques ne s’y trompent pas). Ils sont générateurs d’une grande source excitatoire et d’une grande source de satisfaction. Voilà pourquoi, leurs mains se baladent rarement ou de façon fugace sur le cou ou les épaules d’une femme quand les hommes sont excités. Cette excitation sexuelle tend à les rendre mono-sensoriels : ils s’attardent essentiellement sur les parties du corps qui déclenchent et entretiennent chez eux la plus forte excitation. Il serait pourtant intéressant de se demander si ce qui les excite, excite en retour leur partenaire… Il m’arrive bien souvent d’entendre des femmes me raconter que leur compagnon passe un temps infini à lécher, caresser, parfois malaxer leurs seins alors même que ce n’est pas une zone qu’elles ont particulièrement érotisée, contrairement à d’autres parties de leur corps.

Il en va de même pour leur clitoris. Rester concentré invariablement (et parfois rituellement) sur une zone érogène n’est pas excitant même si cette zone est en elle-même excitante.

Le secret de l’excitation est multisensoriel ! Chez la femme, l’association de plusieurs zones (génitales et non génitales) provoquera toujours plus de plaisir que l’intérêt quasi monomaniaque d’une seule. S’il s’agit de prendre du plaisir, il s’agit aussi que ce soit plaisant pour le/la partenaire.

Les femmes ne sont pas en reste. Elles ont également tendance à se fixer sur une « valeur sure » : la verge ! Pour être honnête, c’est souvent par flemme (après tout, si ça marche à tous les coups ?) mais aussi par manque de créativité. Les tétons d’un homme peuvent être extrêmement sensibles et excitables par exemple. Un homme aime avant tout être désiré. Parcourir son corps et lui faire découvrir, à lui aussi, que la multi-stimulation est plus riche que la mono-stimulation enrichira vos relations.


Le tempo

Le tempo de la danse sexuelle peut envelopper et enivrer un rapport sexuel comme le mettre à plat !

Si vous êtes sur un tempo plus Rock’n’Roll tandis que votre partenaire est calé(e) sur un Slow, il y a de fortes chances que ce ne soit pas un moment inoubliable. Frustration, agacement, incompréhension risquent d’être de la partie.

On en parle peu (voire jamais) mais le tempo des mouvements corporels déterminent la connexion des amants. Même Alfred Kinsey lors de ses deux rapports sur la sexualité masculine ou plus tard féminine n’a pas évoqué la question du mouvement des corps. « Comment aimez-vous bouger ? Comment désirez-vous que votre partenaire bouge ? » n’est que très peu évoqué de manière générale quand on parle de sexe.

Et pourtant… Le tempo n’est-il pas la toute première connexion qui s’établit quand deux corps entrent en contact ?

Mais ce n’est pas le genre de chose que l’on se dit avant de faire l’amour… Donc une seule solution : sortir ses antennes et ressentir (le mot ici est essentiel) les mouvements corporels de votre partenaire, sa respiration, ses gémissements. La sexualité est la rencontre de deux envies, tournées vers soi et tournées vers l’autre, il est donc important de ne pas présupposer un tempo idéal mais de se connecter l’un à l’autre pour trouver le bon tempo, celui qui convient aux deux. Je signale aussi qu’il est important de moduler son tempo (démarrer doucement puis s’enflammer ou inversement) et de ne pas en être prisonnier. À sans cesse refaire la même chose, vous vous confronterez à l’habituation et à la lassitude. Imaginiez que vous mangiez tous les jours dans un restaurant gastronomique… Au début c’est fantastique mais au bout d’un moment (variant selon les individus) il se peut que vous ayez envie d’un bon sandwich, rapide, simple et sans chichi ! La sexualité n’est pas très différente : parfois on veut que ce soit long, lent et voluptueux parfois on veut que ce soit court, intense et efficace.


Les rassurantes « C’est pas grave »

Dans leur grande majorité, mes patients, hommes ou femmes sont bienveillants envers leur partenaire. Les fameux « pervers narcissiques » ne courent pas les rues et heureusement (ils seraient 2% de la population. grosso modo, cela signifie que si vous avez rencontré 100 personnes dans votre vie, seulement 2 d’entre elles cochaient les cases de ce trouble de la personnalité. C’est bien peu mais ces personnalités étant spectaculairement marquantes, elles nourrissent l’imaginaire des journalistes et des écrivains).

Lorsqu’un homme peine à être érection ou perd son érection à un moment inapproprié, la réponse la plus courante de sa partenaire est « Ce n’est pas grave » ce qui contre toute attente (féminine) ne lui procure pas le soulagement psychique attendu !

Car Mesdames, si ce n’est pas grave pour vous, ça l’est pour votre amant ! Ce sexe dressé est le symbole de sa virilité, il consacre sa masculinité. Cela peut-être un peu difficile à comprendre quand on est une femme mais un sexe en érection est à la fois symbolique et… pratique.

La sexualité d’un homme a besoin, à un moment ou un autre, d’être génitalisée. Cela signifie que sa verge se retrouve au centre de sa sexualité. Elle détermine même souvent le tempo de l’acte sexuel. Si ce sexe quitte la partie, c’est tout l’enthousiasme sexuel qui s’effondre et c’est l’anxiété qui s’installe. : « Que se passe t’il ? », « De quoi ai-je l’air ? », « Est-ce que ça va se reproduire ? »

Quand un sexe ne s’accorde pas à l’ambiance sexuelle, l’homme ne peut s’empêcher de vouloir comprendre ! Car comprendre, c’est éviter que cela ne se reproduise et rester maître à bord, c’est une tentative de chasser l’angoisse. C’est donc grave tant que cela est susceptible de se reproduire. Dans la tête d’un homme évidemment. C’est donc sur cet double axe symbolique/pratique que l’angoisse s’installe.

Petit conseil aux hommes : penser que c’est grave, c’est entrer dans un cercle vicieux et laisser l’anxiété s’installer. Avec une telle invitée dans votre tête, il est en effet probable que cela se reproduise. Des tas de choses expliquent une baisse d’érection, et le plus souvent elles sont ponctuelles ou contextuelles (fatigue, souci, pression, angoisse, déconnection, blocage des émotions, stress, etc…). Tout ne s’explique pas et l’accepter c’est la meilleure façon que cela ne réapparaisse pas.

Petits conseils aux femmes : rappelez à votre partenaire que vous aimez ses caresses, ses baisers, sa peau, son corps contre le vôtre, que vous aimez le moment que vous passez avec lui sans mentionner « Ce n’est pas grave » ;)


Les attentistes

À force de croire qu’il y a des bons et des mauvais amants, certaines femmes ont tout simplement cessé de croire en leur propre capacité à faire d’un moment sexuel un moment de plaisir. La réalité Mesdames, c’est que ces Messieurs malgré leur meilleure volonté, sont en terre inconnue quand il s’agit d’appuyer sur les bons boutons. Et pour cause, leur excitation n’est pas tout à fait déclenchée et maintenue par les mêmes interrupteurs (voir ci-dessous). Certes vous pouvez les aider (dans une certaine mesure - voir « Les correctrices ») mais vous pouvez surtout prendre pleinement possession de votre corps ! Le meilleur des amants ne fera jamais jouir une femme qui ne s’y autorise pas.

A force d’être trop réceptive, une femme risque de passer à côté de tout ce que son corps a à lui offrir !

Et si le féminisme, le vrai, commençait déjà par connaître son propre corps sans attendre que quelqu’un d’autre s’en charge ?

Le gland du clitoris contient 8000 capteurs sensitifs (quand le gland de la verge n’en contient que 2000 pour une taille bien supérieure). Les parois vaginales aiment être massées et la pression exercée lors d’une pénétration stimule les racines du clitoris plus profondes. Le fameux point G aussi aime la pression et il ne se découvre… qu’en le cherchant ! La sexualité devient un art corporel, une danse voluptueuse où deux corps se parlent et chuchotent sensuellement pour faire grimper la température. Une sexualité exultante dépend de deux individus, jamais d’un seul.


Les marteaux piqueurs

Beaucoup d’hommes semblent ignorer que leur dos et leur bassin ne sont pas soudés !

Ils pourraient tout à fait être de merveilleux danseurs de danse orientale mais ils l’ignorent !

Du coup, lorsqu’ils ont un rapport sexuel dans la position dite du missionnaire, ils sont plus souvent en train de faire des pompes que de faire l’amour. Ils contractent l’ensemble de leurs muscles et s’engagent dans une pénétration très saccadée avec un corps rigide que j’appellerai le marteau-piqueur. On est bien loin de la volupté,

Mais pourquoi autant d’efforts ?

Parce que les aller/retour de la verge contre les parois vaginales (ou anales) peuvent être extrêmement stimulantes pour un pénis !

En effet, les « frottements » du sexe masculin font grimper l’excitation. Manque de bol, les parois vaginales, elles, sont peu réactives aux frottements mais exultent sous la pression. En offrant à sa partenaire féminine ce qui lui procure énormément de plaisir (des frottements) l’homme oublie que les organes génitaux féminins et masculins ne fonctionnent pas tout à fait de la même façon.

Depuis un bon moment déjà (la seconde étude d’Alfred Kinsey dans les années 60) on sait (mais le sait-on vraiment ?) que la pénétration doit être « massante » et « pressante » pour faire monter le plaisir féminin. C’est là qu’intervient l’intérêt de désolidariser son dos et son bassin ! Car si c’est le bassin qui bascule et guide la pénétration, les mouvements de va-et-vient seront plus massants que frottants.

Entrainez-vous devant un miroir à faire des 8 avec votre bassin ou regardez en boucle la scène d’aérobic de John Travolta dans le film « Perfect » ou la vidéo (hilarante) de Florence Foresti pour la présentation des Césars 2020. Après ça, le mouvement de bascule du bassin ne devrait plus avoir aucun secret pour vous.


Les performers

La sexualité comme toutes autres formes de plaisir a besoin de se renouveler pour rester stimulante. Cependant, passer en revue les 64 positions du Kama Sutra lors d’un rapport sexuel n’est pas la meilleure façon de prendre et de donner du plaisir.

Très vite la notion de performance gâche et altère le moment sexuel que vous êtes en train de vivre. Mais pour rendre grâce au splendide texte sanscrit du IVe siècle (rédigé par le brahmane Mallanaga Vâtsyâyana pour servir à l’apprentissage de l’amour), le modèle que certains tentent de reproduire est plus souvent issu du porno (supposé exalter des femmes insatiables) que des ouvrages de l’Inde ancienne sur les arts amoureux.

*** SPOILER ***

En fait il n’en est rien ou vraiment pas grand-chose ! Les vidéos porno sont quasi exclusivement faites pour… les hommes !

Et quand je dis faites, je devrais dire « concoctées » car il y a une véritable stratégie derrière les images diffusées. Une seule chose est attendue : la masturbation et l’éjaculation. Par conséquent, ces vidéos se doivent d’être efficaces (et efficientes). C’est pourquoi il s’agit essentiellement de viser à exacerber les déclencheurs masculins qui sont entre autres : les organes génitaux féminins, la taille du sexe (masculin) et le fait d’être puissamment désirés (au moins pour les vidéos lambda). On retrouve donc un « combo » percutant : une femme désirante, offerte, souhaitant un rapport sexuel technique et efficace. Dans la vraie vie, les femmes sont plus concernées par la sensualité que la technicité, plus sensibles à la connexion qu’à l’efficacité.

Soyez plus connecté à votre partenaire qu’attentif aux prouesses olympiques que vous pourriez réaliser. Ces dernières ne feront pas de vous « un bon amant ». Au mieux un gymnaste endurant au pire un souvenir ridicule.


Les correctrices

Corriger votre partenaire, sur le principe, cela semble normal.

Qui s’aventurait à explorer une ville nouvelle sans carte et sans GPS ? Pas impossible me direz-vous mais que de voies sans issue, culs-de-sac ou autres rues en sens interdit ! Toutes ces hésitations et erreurs peuvent avoir la peau de votre enthousiasme avant même de trouver l’endroit qui vous convient bien ! Il est donc évident que partager avec l’autre ce qui nous convient le mieux est une manière de vivre mieux sa sexualité.

Cependant, il arrive que trop de corrections nuisent à la fluidité de la vie sexuelle et paralysent votre partenaire qui n’osera plus se laisser aller à innover. Evitez les « Plus à droite… Non, plus à gauche. » « Redescends… non attends, remonte un peu… Non en fait, plus bas. »

Racontez plutôt à votre partenaire vos émotions et signifiez-lui ce que vous avez aimé, après avoir fait l’amour. Les hommes ont souvent à coeur de faire plaisir à leur partenaire et ce faisant, se connectent mal à leurs émotions. Ne leur compliquez pas la tâche en leur signifiant en permanence quelles routes ils doivent prendre. Vos signaux positifs, vos paroles de plaisir suffiront à leur faire comprendre que vous appréciez ce qu’ils sont en train de faire et leur donneront les indications nécessaires pour vous procurer du plaisir.


Conclusion : dans la sexualité (comme dans beaucoup d’autres domaines) les difficultés se situent souvent dans le trop ou le pas assez.


PS : Merci à tous les patients et toutes les patientes qui ont partagé avec moi leurs réflexions sur ce sujet :)


 

[ Post-Scriptum : Si vous souhaitez utiliser une partie ou l’ensemble de cet article, vous me voyez flattée de votre intérêt.

En revanche, je compte sur votre élégance et votre honnêteté intellectuelle pour citer vos sources dans votre article 😉

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